Essaouira
aube laiteuse
villehuitre repliée dans ses murs
saline blanche bleue
au ciel blanc salé du matin
aux embruns maritimes
aux cris des mouettes et des goélands
percée
lavée
aux vents rasants (furieusement)
arcades souks places babs mosquées et ruelles
nappées de soleil
qui longuement serpente
jusques aux soirs de mer
quand du ciel tombe
l'éclat d'orargenté
de ce sable de bruine
qui mouille les pavés
Silhouette
découpe
d'une ombre au loin
barque échouée
face à la mer
femme hiératique
émerveillée
par le vol des oiseaux
Les oiseaux
de l'aube à la nuit
crillaillent
les oiseaux de la haute mer
sur les remparts humides
sur les ruelles fortifiées
sur les halles et dans les souks
sur tous les lieux
où la marée
passée de vie à trépas
offre abondance
de viscères et de délices
(de gourmandises et de pourritures)
de l'aube à la nuit
scandent
les oiseaux de la haute mer
les matinées lentes
les longs jours d'été
jusque tard dans les nuits opulentes
qui rassemblent
et séparent
les heures fragmentées
en milliers de cris
qui se répondent
se rapprochent et s'éloignent
Les filets
filets
de pourpre dégradée
du collier des courtisanes
parés
comme des coquettes
pour une pêche miraculeuse
Figues de barbarie
les figues de barbarie
par charretées entières
déferlent
dans la médina
trois prestes coups de couteau
taillent et entaillent
ces fruits défensifs
lorsque la gorge
par la poussière de la rue
desséchée
clame sa soif
des saveurs douces
et grumeleuses
des figues de barbarie
L'artiste
flottaison douce
ambre cannelle dans
tes yeux d'or se mêlent
impalpable alliance
mélange délicat
à l'abandon
sous de longs cils noirs
Sur la terre comme au ciel
lune
vagabonde au ciel
constellé d'étoiles
vascillantes
en petits croissants
d'amandes amères
fourrés
ciel
parsemé d'étoiles
traçant de minuscules voies
célestes
Photos et dessin de mhaleph