lundi 3 octobre 2011

la part de l'ombre...














ténèbres enveloppantes
qui vrillent le cerveau
crainte frayeur terreur
de l'éternelle nuit
promesse inéluctable
de la mort à venir
ténèbres entrouvertes
au faisceau des ombres

ombre mordante
qui voile la clarté
mélancolie tristesse peur
de l'irréversible opacité
entrée feutrée
vers la mémoire de l'oubli
ombres opaques
des reflets perdus

reflet dansant
qui oscille dans l'oeil
inquiétude voilée
de l'imprécison rétive
sentier étroit
vers la perte des contours
effilochement progressif
de la netteté native

Photo de mhaleph

dimanche 7 août 2011

Temporalités voyageuses

Essaouira













aube laiteuse
villehuitre repliée dans ses murs
saline blanche bleue
au ciel blanc salé du matin
aux embruns maritimes
aux cris des mouettes et des goélands
percée
lavée
aux vents rasants (furieusement)
arcades souks places babs mosquées et ruelles
nappées de soleil
qui longuement serpente
jusques aux soirs de mer
quand du ciel tombe
l'éclat d'orargenté
de ce sable de bruine
qui mouille les pavés


Silhouette








découpe
d'une ombre au loin
barque échouée
face à la mer
femme hiératique
émerveillée
par le vol des oiseaux

Les oiseaux

de l'aube à la nuit
crillaillent
les oiseaux de la haute mer
sur les remparts humides
sur les ruelles fortifiées
sur les halles et dans les souks
sur tous les lieux
où la marée
passée de vie à trépas
offre abondance
de viscères et de délices
(de gourmandises et de pourritures)
de l'aube à la nuit
scandent
les oiseaux de la haute mer
les matinées lentes
les longs jours d'été
jusque tard dans les nuits opulentes
qui rassemblent
et séparent
les heures fragmentées
en milliers de cris
qui se répondent
se rapprochent et s'éloignent

Les filets


filets
de pourpre dégradée
du collier des courtisanes
parés
comme des coquettes
pour une pêche miraculeuse

Figues de barbarie


les figues de barbarie
par charretées entières
déferlent
dans la médina
trois prestes coups de couteau
taillent et entaillent
ces fruits défensifs
lorsque la gorge
par la poussière de la rue
desséchée
clame sa soif
des saveurs douces
et grumeleuses
des figues de barbarie




L'artiste











flottaison douce
ambre cannelle dans
tes yeux d'or se mêlent
impalpable alliance
mélange délicat
à l'abandon

sous de longs cils noirs

Sur la terre comme au ciel














lune
vagabonde au ciel
constellé d'étoiles
vascillantes
en petits croissants
d'amandes amères
fourrés
ciel
parsemé d'étoiles
traçant de minuscules voies
célestes

Photos et dessin de mhaleph

jeudi 19 août 2010

Temporalités voyageuses

La Havane



 
Une odeur. Mordante.
Indéfectible remugle.
Indéfinissable odeur.
Par bouffées suffocantes
d’essence, de merde,
de haricots grillés et de sel.
Flotte dans l’air.
C’est La Havane.

C'est ainsi

Tout ou rien
Rien du tout
Sur l’étal
Du marché

Pénurie
Rimaillée
Sens marri
Déployé


Système D
Employé
Jeu de dés
Patenté


Au hasard
Des laissez
Les passer
Sans regard
Aléas
Journaliers
Embarras
Sans arrêt


Perturbés


Car


Sur l’étal
Du marché
Rien du tout
Tout ou rien
Cuba 2002

Photos de mhaleph

mercredi 18 août 2010

Temporalités voyageuses

L'Oued




L’eau joue dans le taillis
et fend le lit rocheux
de l’étroite vallée
qui dans la verdure
sous l’éclat blanc du soleil
jouit de son humidité féconde
dans le désert de pierre
montueux.

Le matin y voit
les scènes bucoliques
des troupeaux s’abreuvant
à la source parfaite.
Le matin s’y succèdent
les tableaux champêtres
des femmes encostumées
de couleurs chatoyantes
qui dans l’oliveraie
qui sous les amandiers.

Tout le jour y palabrent
des hommes assis croisés
sous les ramures fraîches.
Tout le jour s’y jettent
en criant des enfants
brunis de grand air.
Et, par milliers,
des gouttes minuscules
à la rencontre de la lumière
brillent, éclatent, se multiplient et
meurent.

Dans l’ombre aveuglante
du soir avancé,
elles glissent, paradent, sautent
et cascadent brunes ombreuses
dans le temps qui paisiblement
s’écoule.

Le thé



Bruit de gorge profonde
de la théière
qui monte et qui descend
comme les routes enlacées
à la montagne âpre
qui chuchote à petits flots
comme l’eau douce de l’oued fertile
qui heurte le plateau de cuivre
comme le rocher fendu
la pente abrupte.
C’est la cérémonie du thé
à toute heure
en toute occasion.

Le souk



Le regard jamais ne s’arrête
couleurs, matières, formes
à profusion l’excèdent.
Chaque pas résonne de la promesse
des épices dont les odeurs
éclatantes se mêlent à celles
piquantes de la menthe
salées des olives
fades, un rien écoeurantes, de la viande
âcres des peaux tannées
acides des tissus à la teinture
ferrugineuses des métaux chauds
entêtantes du bois de cèdre
mouillées de la terre à potier
sèches de la laine sur les métiers.
L’ouïe sans cesse en éveil
par la multitude des sons affûtée
filtre à longueur de jour
les appels sans mesure
courant sans s’arrêter
dans la médina chaotique univers
pour le passant mal informé,
mais tout s’organise rien ne se perd
pas un bruit pas un geste pas un regard
dans le dédale des rues
où chacun veille à discrétion.

L’ouïe sans cesse en éveil
par la multitude des sons affûtée
filtre à longueur de jour
les cris des marchands
mêlés à ceux des chalands
prêts à tout vendre « pour rien »
la musique obsédante
des Gnawas bondissant
le floc des écheveaux
tombant dans la cuve des teinturiers
le tac tac tac tac tac
des machines à coudre
rivalisant avec les longues aiguillées
au fond des arrière-boutiques
le choc sec et nerveux des ciseaux
sur le bois dense des sculpteurs
le martèlement sonore des ferblantiers
sur le métal à repousser
et le bruit des forges
qui entretiennent l’infernal chaos.

La qualité du silence



Havre du silence
hors de la débâcle des bruits
qui tels des furies orgiaques
en tous lieux grandissent
entre les murailles d’argile rouge
de la ville emmurée dans ses folies.
Havre du silence
dans les jardins clos
jardins paisibles
aux fontaines coulantes
sis derrière les lourdes portes
et les hauts murs aveugles
au fond des ruelles étroites.
Havre du silence
enfin audible à la nuit prenante
coupé à l’aube subite
par l’appel en écho
des muezzins fébriles.

Le hammam



Dans les ténèbres du hammam
pores dilatés par la moiteur
corps assoupli au savon noir
l’esprit s’évade
par les petites lucarnes du plafond.
Rien ne bouge ici
hormis la caresse de l’eau
sur la peau lustrée au gant noir
dans les ténèbres du hammam.


Le vent du désert


Brûlant et caressant
suavement frôlant
le vent du désert
donne l’assaut.

Les pensées flottent et
à chaque enjambée
le prochain souffle
enfin sera moins chaud
croit-on.
Comme une onde torride
continue le vent du désert
encercle et terrasse
tout ce qui vit, encore.

Maroc 2005

Photos de mhaleph

mardi 17 août 2010

Temporalités voyageuses

Image d'Epinal

Trois brins de paille
Et la mer bleue
Sous le soleil tropical


Trois glaçons
A bien secouer
Dans un rhum ambré

Trois pensées opales
Qui riment avec eux
Bien qu’un rien canailles

Trois glaçons
A bien secouer
Dans un rhum doré


Trois rires qui raillent
Et qui d’eux en eux
Traversent la halle


Trois glaçons
A bien secouer
Dans un rhum ambré


Aux épices pâles
Qui aventureux
Bien belle leur baillent


Trois glaçons
A bien secouer
Dans un rhum doré

Petite beauté créole

Petite beauté créole
Marche nonchalamment
Sur la mer diamantée
De son île de rêve

Sur quelle grève
Encore s’est-elle donc vantée
De semer ses amants
Aux quatre coins d’Eole


Petite beauté créole
Dont le sourire ment
Aux éclats entêtée
Coule libre de sève

Vers son pays sans trêve
Où les heures indatées
Flottent à tous moments
Multipliant ses rôles

Rêverie

Tout contre moi tu rêves
De la mer porcelaine

Et sans heurt tu t’éveilles
Au soleil des tropiques


Tiédeur des jours de veille
Si caractéristique

De la mer porcelaine
Tout contre moi tu rêves

Martinique 2001

Ombre-Foule



Oreilles tendues
aux bruissements des longues plaines,
aux froissements des herbes,
aux souffles repus des bêtes abreuvées,
aux crissements des ombres,
quand les foules compactes,
denses et bigarrées,
se fondent dans la nuit,
tombée.


Afrique - Kenya 2001

Photos de mhaleph